- Allo ?
- Allo, je suis bien chez ...?
- Oui.
- Salut, c’est Y. Je ne sais pas si tu te souviens de moi mais je crois que nous étions en classe ensemble à la maternelle. Tu t’es inscrite sur Copains d’avant la semaine dernière et quand j’ai vu ton nom, je me suis permis une petite recherche et j’ai découvert que nous étions voisins. En fait, nous habitons dans la même rue!
- ... o_O
Finalement, la conversation a duré un bon quart d’heure, on s’est résumé réciproquement 25 ans de nos vies, on a évoqué des amis d’enfance communs, il m’a donné son téléphone et son mail, m’a proposé qu’on se voit un de ces jours.
Je savais que cette inscription n’était pas une bonne idée. Mais c’était la seule façon d’avoir accès à la base de données des personnes déjà recensées et ma curiosité a été la plus forte. Je n’ai gardé quasiment aucun contact avec mes anciens camarades de classe, en partie parce qu’avec le temps et l’éloignement les liens autrefois étroits s’effilochent jusqu'à tomber en poussière, en partie parce que peu d’entre eux valaient la peine d’être fréquentés sur du long terme. Du coup, je me suis replongée dans les albums de mon enfance où sont conservées les photos scolaires et familiales. Ca fait toujours un petit pincement au cœur de se revoir petit (OK, "jeune" ...parce que je suis toujours petite ;-p) et un gros de revoir si vivants ceux qui ne sont plus là.
Je ne sais pas du tout ce que je vais faire, c’est moi de le recontacter et je ne sais même pas si j’ai envie de faire une incursion plus approfondie dans cette période de ma vie. Parce que nous allons forcement parler de nos souvenirs ; il en a apparemment gardé plus que moi et sa voix était vraiment nostalgique en les évoquant. Je ne sais pas non plus si j’ai envie de savoir à quoi il ressemble et quelle est sa vie actuelle, ni (surtout ?) qu’il voit qui je suis devenue.
Post-it de dernière minute : Je viens de recevoir un message d’un autre ancien camarade. Lui aussi est en région parisienne et la photo de sa fiche perso le montre en compagnie de sa femme et de son fils. Je tente de répondre à son bonjour, par politesse essentiellement, car, comme il le dit lui-même "nous n’avons jamais été très copain-copine" sur les bancs de l’école mais j’ai du mal à trouver quoi lui dire. Je ne peux tout de même pas lui faire la remarque que son style s’est amélioré avec l’age (il a fait des études littéraires donc c’est normal qu’il ait maintenant plus de cinquante mots de vocabulaire)! J’enchaîne donc les platitudes en espérant ne pas paraître trop futile mais que dire, après toutes ses années ?
La boite de Pandore de mon passé est définitivement ouverte. Il va falloir que je décide rapidement si je tente de la refermer ou si je laisse tout s’envoler ...sans courir derrière.