Fin de matinée, le téléphone sonne.
Le chef : il parait que tu me cherchais ce matin?
Kch : oui, je voulais savoir s’il y avait une nouvelle date pour la réunion-qui-n’aura-pas-lieu? (parce qu’en fin de semaine dernière, le sujet sur lequel vous aviez prévu de faire un point était tellement super hyper méga urgentissime qu’il aurait fallu avoir dessus un dossier argumenté pour la veille)
Le chef : on avait prévu d’en parler cet après-midi mais l’ordre du jour est déjà tellement plein qu’on aura sûrement pas le temps (oui, je sais tout ça, c’est la raison pour laquelle j’ai préparé une présentation vendredi, quand tu étais déjà en WE... et la raison pour laquelle je veux des infos puisque tu as ensuite envoyé un mail pour dire que finalement c’était annulé). Tu es à ton bureau?
Kch : oui… tu m’appelles sur mon téléphone fixe et je réponds. Donc c’est que je suis à mon bureau.
Le chef : évidemment... je voulais dire "cet apres-midi", au cas où finalement, on aurait le temps d’aborder le sujet…
Kch avec un ton super innocent parce que parfois, j’aime bien faire l’idiote avec les gens qui respectent autant la langue française que leurs collaborateurs : aaaaah, tu voulais dire "est-ce que TU SERAS à ton bureau cet après-midi?"? Oui, en principe... sauf si je dois faire de l’assistance informatique aux gens du service comme cela arrive fréquemment ces jours-ci (tu sais, ils ont besoin d’aide sur le nouveau logiciel, celui sur lequel on les a formés juste avant les congés d’été. Celui sur lequel tu m’as demandé s’il était possible de mettre un indicateur de performance et que je t’ai quasiment ri au nez parce qu’il n’y a pas d’autre réponse à faire à quelqu’un qui croit que le management se résume à afficher l’organigramme de l’équipe sur la porte du placard, forwarder des mails et hocher la tête dès que sa hiérarchie ouvre le bec… même si c’est la plupart du temps pour dire la pire connerie comme "ce document est trop compliqué, il faut en supprimer au moins un tiers! Si je l’ai lu? Non, je n’ai pas le temps pour ça!").

Lorsqu’on travaille en prestation chez un client on ne va jamais au siège de sa propre société. Sauf quand on y est obligé.
A la grande époque (avant "la crise"), je faisais partie d’une équipe et c’était notre responsable qui faisait le coursier entre notre agence de rattachement et nous. Mais cette période étant révolue, me voici forcée de faire moi-même mes courses, notamment pour aller chercher les tickets restaurant que je ne peux même pas utiliser pour manger à la cantine de mon lien de travail.
Hier donc, avant de rentrer chez moi, j’avais prévu de faire le détour pour récupérer lesdits tickets ainsi que des chèques culture, commandés il y a quelques temps au CE et qui, d’après un mail reçu la semaine dernière, m’attendaient.
L’antenne Ile de France de mon employeur se trouve en banlieue parisienne, dans un grand immeuble qui abrite plusieurs autres sociétés du même genre. N’étant qu’une visiteuse occasionnelle, je ne possède pas le Sésame d’accès au hall d’entrée et suis condamnée à sonner à l’interphone comme un vulgaire démarcheur.
Dring!
...
Driiing!
...
[Boooooooooon... restons calme et sortons le portable pour téléphoner au standard.]
- "Société-qui-emploie-les-koalas, Bonjour!" [ah, ben y a quelqu’un, youpi!]
- "Bonjour, c’est Melle Kch, je viens chercher mes tickets resto. Je suis en bas de l’immeuble, je viens de sonner deux fois et personne n’a répondu, vous pouvez m’ouvrir, SVP?"
- "Euh, je suis désolée mais ce n’est pas possible parce que je ne sais pas où se trouve le bouton." [ … ok… j’inspire, je souffle… pffffffff… je suis calme…]
A ce moment là, une personne arriva et me laissa entrer avec elle dans le hall, puis dans l’ascenseur [oui, il faut aussi un passe pour faire monter l’ascenseur -__-]. Arrivée sur le palier, re-dring et cette fois, l’hôtesse d’accueil se déplace de son bureau pour m’ouvrir manuellement. Elle a un charmant sourire d’excuse [normal, les hôtesses sont payées pour avoir un charmant sourire] et m’explique que D, la titulaire est en congés [c’est marrant mais je m’en doutais, hein] et que vendredi dernier, avant de partir elle lui a donné plein de renseignements pour assurer l’intérim mais pas comment ouvrir aux visiteurs [c’est c’la, ouiiiiiii, c’est pas une priorité...]
- "Et comment faites-vous pour ouvrir aux clients ?" [la curiosité est un vilain défaut mais j’ai pas pu m’en empêcher]
- "Oh, heureusement il n’en passe pas beaucoup!" [de mieux en mieux…]
- "Bon... je suis venue chercher mes tickets resto."
- "Euh, je suis désolée [encore?!? ] mais je ne suis pas autorisée à faire ce genre de choses, D les a mis sous clé avant de partir mais je ne sais même pas où…"
- "Et les chèques culture, je suppose que c’est pareil? "
- "Houlala, je ne sais même pas ce que c’est! Attendez, je vais voir si Mme A est là, je l’ai déjà appelée tout à l’heure pour un autre sujet, elle pourra peut-être vous renseigner."
Seulement, à 17h, il n’y a plus personne.

Si j’ai réussi à rester relativement zen, c’est pour plusieurs raisons :
1/ ça n’aurait servi à rien que je m’énerve,
2/ j’ai décidé depuis le début de l’année que cese "détours" (1h) par ma boite seraient pris sur mon temps de travail et non sur mon temps libre,
3/ jeudi soir, je suis en vacances pour deux semaines et il faut que je sois encore suffisamment en forme pour en profiter ;-p

En ce moment, au bureau, ça ressemble à ça :
- "Bonjour, puis-je savoir pourquoi JP toujours pas répondu à mon mail du… ?"
- "Ben, l’usine de V... était fermée jusqu’à hier." (OK et le message automatique d'absence, vous connaissez pas?) "Et le dossier C...?"
- "Les T… ne travaillent pas cette semaine donc il faudra attendre lundi prochain, au plus tôt, si vous n’avez pas toutes les informations. "
(restons calme, vu le nombre de sujets en souffrance, on va tenter autre chose)
- "Allô, A…? " (Ouiiiiiii, y en un qui est là! Victoire!) "Tu penses aux photos dont j’ai besoin pour le dossier sur les F.A.? "
- "Je ne sais pas si ça va être possible, il ne reste que deux jours avant la fermeture de fin d’année." ('tain, ils pourraient pas nous filer le planning à l’avance qu’on s’organise, pfff -__-)
- "Et pour les EdR, toujours pas de réponse officielle?" (ça ne fait que trois semaines que la date butoir a été dépassée mais on peut rêver, c’est bientôt Noël!)
- "Le contrat de monsieur S. se termine vendredi, ensuite c’est BL qui reprendra le poste mais il sera remplacé par une autre personne courant janvier. Mais on ne sait pas encore qui. Ni à quelle date." (gniii, je craqueuh!)

Heureusement que je perds la moitié de mes journées dans des réunions ineptes sinon il faudrait que j’ai un sacré stock de grilles de sudoku pour passer le temps.

Entendu ce midi, à la boulangerie : "Vous voulez du beurre dans votre sandwich au brie?"
C'est bien la peine qu’on nous mitraille de slogans "évitez les aliments trop gras, trop salés, trop sucrés", "éviter de grignoter entre les repas", "mangez au moins cinq fruits et légumes par jour" et "faites du sport"... Y a des baffes qui se perdent!

Il y a des mails dont la simple lecture vous donne envie de taper sur leur auteur, puis de fondre en larmes. Ce n'est pas parce que ma grand-mère s'éteint lentement dans une maison pour personnes âgées que mon oncle doit faire comme si elle était déjà morte et me dire qu'il "compte sur ma venue pour éliminer et préparer ce que je veux prendre" dans la maison familiale. C'est SA MERE, merde!
Ce froid détachement avec lequel il répond quand je lui demande des nouvelles, ce quart d'heure de visite hebdomadaire, qu'il a l'air de lui accorder comme une faveur princière alors qu'elle vit à 10' de chez lui, cette indifférence à sa détresse et à sa solitude, ce silence lorsque sa femme se permet certaines réflexions, je ne les supporte plus!
Alors, pourquoi n'aurai-je jamais le courage de lui dire en face ce que je pense de son attitude, de la peine que j'ai pour ma grand-mère qui a déjà connu tant de moments tragiques et de souffrance?
On m'a dit que c'était quelqu'un de sensible, qui ne savait pas exprimer ses sentiments et qui se refermait sur lui-même quand il souffrait. Dans ce cas, il doit vivre un enfer ces temps-ci. Et dans l'état émotionnel où je me trouve ce soir, je souhaiterais (presque) être dans le vrai! Mais d'ici à notre prochaine rencontre je me serai calmée, je serrerai les dents et je l'aiderai à trier et à "faire du vide" dans plus de 90 années d'une vie qui n'est déjà (presque) plus qu'un souvenir.

Je ne bosse quasiment qu'avec des hommes, donc je pensais qu'un prénom de nana, ce ne serait pas SI difficile à mémoriser.
Ben je me trompais.
J'ai régulièrement droit à Cécile, Céline ou Catherine pour les plus proches niveau sonorité, Christelle pour celui qui ne connaît que le prénom de sa femme (j'espère pour lui que c'était pas le lapsus inverse une fois rentré à la maison), Brigitte, Betty et enfin dernièrement Virginie "parce que je connais une Virginie qui te ressemble" (la pauvre).
D'un autre coté, je devrais p'têt m'estimer heureuse qu'on ne m'ait encore jamais sorti Robert ni Jean-Mi ^^;

Il faudrait que j'arrive à écrire sans faire un brouillon avant, sans passer des heures à modifier le texte, à vérifier que je me suis clairement exprimée, que je n'ai pas fait trop de répétitions, etc... Bref, il faudrait que j'arrête de me comporter comme lorsque je devais rédiger une dissert' de philo et que cela m'occupait un WE entier pour me laisser au final insatisfaite.
Du coup, ça éviterait que je commence des articles et que je ne les publie jamais.

Voilà, 5e changement de bureau en 18 mois. Pourtant, je bosse toujours sur les mêmes dossiers, et avec les mêmes gens. Faut croire que le patron a des actions dans les sociétés de déménagement industriel.
Du coup, il a encore fallu remballer/redéballer les archives qui ne servent plus à rien mais sait-on jamais il suffirait de les jeter pour en avoir besoin dans les jours qui suivent, passer une heure à trouver le bon réglage du nouveau fauteuil pivotant soi-disant ergonomique, tester tous les boutons de la télécommande de la clim' et bien évidemment faire le tour de l'étage pour noter les noms/numéros des imprimantes en réseau parce que, forcement, il va falloir les réinstaller soi-même.
Et comme je me suis bêtement déchiré un muscle du dos en voulant bouger le PC qui avait été posé n'importe comment sur le coin du bureau, je vais me traîner pendant quelques jours comme une petite vieille (apprendre à plier les jambes et non se pencher en avant quand on veut ramasser une feuille de papier tombée par terre, tourner le bassin en même temps que le buste quand un collègue vous appelle, marcher à petits pas et tant pis si on rate cette rame de métro y en aura une autre dans quelques minutes, etc...)
Y a des jours où l'on voudrait avoir eu une panne d'oreiller -__-

Un moyen tout simple de savoir si on vit sans stress, c’est de contrôler sa respiration à différents moments de la journée. Actuellement, à chaque fois que j’y pense (matin, midi, soir ou WE), je me rends compte que je suis plus proche d’un fumeur qui terminerait un marathon que d’une marmotte en hibernation.
Il est urgent que je prenne des vacances et/ou que je change de job...

Contrairement à ce que dit le dicton populaire, il semblerait que tout ne soit pas bon dans le cochon.
La preuve en est que nos amis chinois, qui viennent d’entrer dans l’année dudit porcin, ont été contraints, pour paraître plus politically correct vis-à-vis de leurs concitoyens d’obédience islamique, de remanier en urgence leur plan média en supprimant les images des Porcinets-aux-yeux-bridés et en les remplaçant par des pandas (quel rapport ?)!
N’importe quoi!
Dans ce cas, pourquoi n’avons-nous pas, en Europe, viré le Père Noël au motif qu’un barbu en costume rouge pourrait passer pour une caricature du prophète en train de faire de la publicité gratuite pour un fabriquant de soda étasunien qui responsable de l’obésité de nos ch’tits n’enfants à tête blonde?
Bref, pour en revenir à la Chine, je ne comprends vraiment pas en quoi le fait de célébrer le représentant d’un signe astrologie vieux de quelques milliers d’années est un manque de respect envers les croyants d’une religion qui interdit de "manger la viande d'animaux carnivores ou omnivores comme le porc, le singe, le chien ou le chat". Amusant d’ailleurs, cet article de Wikipédia car si je ne m’abuse, l’année dernière était celle du Chien et 2004 celle du Singe… et personne à l’époque n’a brandi le Coran en criant à l’outrage!
En tous cas, il semblerait que l’année du Cochon soit placée sous le signe de la prospérité et de l’abondance alors tant pis pour les grincheux, je le dis haut et fort: vive le Grouïk Grouïk!!