Cette chanson de J.J. Goldman me trotte dans la tête depuis que je suis allée rendre visite à ma grand-mère le WE dernier.
Bientôt quatre ans qu’elle est en maison de retraite, les jours passent lentement, tous semblables et son état de santé se dégrade inexorablement. Seulement, elle a toute sa tête et son cœur est robuste. Alors elle attend. Et elle souffre. Comme elle l’a fait toute sa vie. J’aimerais tellement pouvoir la soulager, prendre un moment sur moi ce fardeau pour alléger la fin de sa vie. Mais je ne peux rien faire, personne ne peut rien faire.
Comme pour ma mère il y a quelques années, je ne peux que passer du temps auprès d’elle, lui sourire, lui tenir la main, la regarder encore et encore, en tentant de faire abstraction de son masque de douleur, pour graver son visage dans mon cœur et mon esprit.
A un moment, le dimanche, elle a murmuré "ce n’est pas encore l’Heure ?". C’est en répliquant sans réfléchir "l’heure de quoi ? " que j’ai compris. Je me serais giflée. Ses interrogations sont de plus en plus fréquentes mais il n’existe malheureusement aucune réponse satisfaisante. Nul ne peut connaître le moment de sa mort, à moins de se suicider mais même si elle en avait encore la possibilité physique, je sais qu’elle ne choisirait pas cette solution. Car elle est habitée d’une foi inébranlable. Lorsque j’étais enfant, après la mort de mon grand-père, je lui ai un jour demandé si elle n’avait pas peur d’habiter dans une grande maison toute seule. Elle m’avait alors affirmé, et je n’ai jamais oublié l’expression de son visage à ce moment-là "je ne suis jamais seule, Dieu est avec moi". Alors "Elle attend que la grande roue tourne / Tournent les aiguilles du temps /... / Inexorablement, elle attend."

J’attends, en le redoutant, le jour où elle sera enfin délivrée.